Anarchie totale.html The Oppressed: SHARP AS A RAZOR.
THE OPPRESSED: SHARP AS A RAZOR.




A-t-on encore besoin de présenter The Oppressed? Auteur du mythique "Oi! Oi! Music" en 1984, ce groupe fut le fer de lance de la mouvance SHARP (SkinHeads Against Racial Prejudice) au sein de la culture Skinhead. Revenu sur le devant de la scène pour quelques concerts, ce fut l'occasion pour nous de nous entretenir avec son leader Roddy Moreno! Et surtout n'oubliez pas: "FUCK FASCISM BEFORE IT FUCKS YOU!"

Lorsque vous avez commencé, quels ont été vos influences musicales?
Tous les vieux groupes Street Punk comme Sham 69, The 4 Skins, Cockney Rejects, etc, etc On voulait juste jouer de la musique punk bruyante.

Le groupe s'est séparé après la sortie de votre premier album, vous revenez en 1996 et puis début 2000, et là vous refaites quelques concerts. Comment expliquez-vous toutes ces séparations et ces come back ?
Nous n'avons jamais voulu être un groupe sérieux et bosseur. Nous avons seulement voulu jouer pour le plaisir et le rire, pas pour des tournées. La première séparation a eu lieu parce qu’il y avait trop de bagarres dans nos concerts et que ça devenait vraiment ennuyeux. Nous nous sommes reformés dans les années 90, essentiellement pour faire profession de foi antifasciste. En 2005, on nous a proposé pas mal d’argent pour participer à un grand festival, on a apprécié et on a tourné et fait des concerts pendant un an jusqu’à ce qu’on en ait marre. Maintenant, c'est 2010 , nous sommes de retour pour quelques concerts jusqu'à ce qu’on s’ennuie à nouveau.

Une de vos chansons les plus célèbres est "Joe Hawkins". Qui est-ce?
C’est un personnage skinhead d’un roman de gare. La chanson reprend quelques épisodes du bouquin. (1)

Sur l'album "Music For Hooligans" le son a changé et les influences punk sont clairement audibles.Était-ce volontaire ou est-ce quelque chose qui est venu naturellement?
Rien de ce que nous faisons n’est planifié, nous suivons le mouvement


Sur les albums du groupe, il y a toujours quelques reprises. Pourquoi?
Parce que j’ai du mal à prendre la peine de bien écrire des chansons , c’est plus facile d'arnaquer d'autres personnes.

Qui est le petit garçon sur la pochette de "We Can Do Anything»?

C'est mon fils Paul. Ma fierté et ma joie.


Durant les années 80 que vous avez créé deux labels Oi! Records et Ska Records. Comment avez-vous choisi les artistes avec lesquels vous avez travaillé?
Les groupes m’envoyaient leurs enregistrements et si j’aimais ce que j’entendais , je bossais avec eux.


Sur Oi! Records vous aviez signé Condemned 84 et Section 5. Dirais tu que ces deux groupes étaient clean quand ils ont commencé et qu’ils se sont progressivement tournés vers des idées fascistes?
Tous les groupes sur Oi Records m’étaient inconnus , tous m’ont affirmés qu'ils étaient contre le racisme. Certains sont ensuite aller jouer avec des groupes douteux etdans des endroits douteux, mais quand ils étaient avec moi, ils n'avaient pas ancore sorti de disques et je les ai pris au mot.


Quels conseils donneriez-vous à quelqu'un qui veut créer un label?
Ne vous tracassez pas, car il est si facile de télécharger des trucs gratuits.


Et à un groupe qui commence ?
Continuez jusqu’à ce que ça devienne ennuyeux et là arrêtez !


Que pensez-vous de la scène musicale skinhead aujourd'hui et quels sont les nouveaux groupes que vous appréciez?
Les nazis ont été évincés de la scène en général, mais il y a le danger d'une nouvelle émergence à cause du nombre grandissant de groupes « apolitiques ». Les meilleurs groupes pour moi en ce moment sont Los Fastidios, Stage Bottles, Klasse Kriminale …

Dans les critiques faites au mouvement skinhead, il y la question du Paki Bashing (2) pratiquée par certains dès le début du mouvement, comment expliques tu ce phénomène ?
Le peu qui ont fait ça étaient des lâches, qui n’osaient pas se battre entre hooligans dans le foot et se sont donc tournés vers des cibles plus faciles.


Vers la fin des années 8o, vous avez activement contribué à l'émergence du mouvement SHARP. Donc, au moins au sein des premiers SHARP, nombre d'entre eux ont été proches des idées d'extrême-gauche?
La plupart des skins SHARP n’étaient ni à gauche ou à droite. Ils étaient, nous étions des enfants de la classe ouvrière qui avions la haine de ce que les racistes avaient fait à la scène skin et nous avons décidé de riposter. Nous étions près à nous dresser contre les racistes avec qui le voulait bien, et donc nous nous sommes retrouvés avec les gens de gauche du même côté de la fracture.


Maintenant, quelle(s) différence (s) faites-vous entre les SHARP et les RASH ?
Comme je l'ai dit , les SHARP sont seulement anti-racistes, les RASH sont plus politiques, mais nous partageons un objectif commun : vaincre le racisme.

Quel genre de relation ont maintenu ces deux groupes dans votre pays, parce qu’ en France c’est assez tendu ?
Il n'y a pas de scène dans ce pays et je ne connais pas de groupes de SHARP ou de RASH au Royaume-Uni.


Que répondez-vous à ceux qui pensent que votre musique est trop étroitement liée à la politique pour que vous soyez un SHARP ?
Fuck off !!!!!!! Je suis SHARP parce que je suis un skinhead qui déteste le racisme et la vie est politique , il faut vous y faire.

Que pensez-vous du téléchargement gratuit ?
C'est bien. Pourquoi payer quand vous pouvez obtenir gratuitement?


Quels sont vos projets futurs?
À l'heure actuelle aucun. Nous avons quelques concerts alignés pour 2011, mais c'est tout.

FUCK FASCISM BEFORE IT FUCKS YOU…


The oppressed website

(1)Les romans en questions ont été écrits dans les années 70, par Richard Allen, un auteurs spécialisés dans les romans pour ados. Une maison d'édition lui en commande un, qui aurait comme héros un jeune skinhead: ce sera Joe Hawkins qui a 16 ans dans le premier tome. Le succès commercial est tel que 16 autres dans le même univers suivront.
(2)A la fin des années 60, dans des quartiers assez circonscrits, des skinheads décident de s'attaquer aux immigrés pakistanais. Cette "pratque" donnera lieu à des réactions d'autodéfense des jeunes concernées qui monteront leurs propres groupes en riposte, avant qu'une partie de ces groupes dégénère elle aussi en regroupements racistes contre d'autres communautés. La presse exploitera dans les deux cas la violence raciste minoritaire dans ces mouvements de jeunes pour stigmatiser des contre cultures majoritairement rebelles.

Propos recueillis par Spike en collaboration avec RS2F

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