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TAGADA JONES :Nouveau Départ.





C'est à l'occasion de leur concert au Nouveau Casino de Paris que je rencontre Niko, guitariste/chanteur de Tagada Jones, groupe mythique de la scène punk hardcore française, pour qu'il nous parle de leur dernier album,"les compteurs à zéro" Peux-tu m'expliquer pourquoi cet album s'appelle " les compteurs à zéro " ?
Niko: C'est un peu compliqué de partir sur un titre, de le choisir aussi, souvent on aime bien qu'il y est des significations ce genre de choses. Celui-là on a décidé de l'appeler " les compteurs à zéro " pour plusieurs raisons : la 1ère on a terminé un espèce de " cycle ", Gus est parti, on est plus que 4, y a cette idée là et l'idée qu'on a fêté notre 1000ème concert, du coup on s'est dit on fait la même jusqu'à 2000 : " ouais on va de 1000 à 2000 " tout le monde était motivé, y a aussi l'idée de remettre les choses à plat qui est lié aux sens engagés des textes et aussi notre personnage, qu'on voulait continuer à utiliser sans le redessiner et y a la genèse qui est représenter sur la pochette. Du coup on trouvait ça marrant, du coup le thème de l'album c'est l'idée de toutes ces petites idées là et on a trouvé vraiment bien de l'appeler comme ça. Comme quoi on réfléchit (rires).

Es-tu d'accord si je te dis que cet album est le mélange parfait entre l'agressivité de " l'envers du décor " et les mélodies de " le feu aux poudres " ?
Bah écoute, nous on en est hyper content. En fait on a fait beaucoup de pré-prod sur cet album, on avait un peu commencé les pré-prod sur " le feu aux poudres " et sur " l'envers du décor " et là on a vraiment fait le truc et le plus important pour un musicien, c'est qu'à la sortie du studio on soit content de l'album, et pour nous, plus les années passent, plus on est content du résultat final. Et pendant les premiers albums, aux sorties de studios c'était pas du tout ce qu'on imaginait et c'est logique, parce qu'on répétait et chacun écoutait son instrument et quand on était confronté aux morceaux finis, complets, à la sortie, on avait souvent des surprises. Donc là ça reflétais vraiment ce qu'on voulait en plus, évidemment, quelques années derrières, tu vois, on est pas des grands musiciens et on aime trop avoir des étiquettes mais si y a un côté on est à fond, c'est le côté punk parce qu'on se prend pas la tête sur la qualité de ce qu'on joue, on joue ce qu'on a envie d'entendre juste pour le plaisir, on est pas tout les week-ends à répéter, moi je vais dire depuis 4-5 ans je prends ma guitare pour les concerts ou créer des morceaux mais sinon on répète jamais, on joue pas à côté, moi je me dit pas guitariste.

En gros c'est un hobby?
Ouais et on peut vivre de notre passion, mais pour en revenir à ta question, oui, on est un groupe qui est issu de l'alterno français donc, tu vois, on a jamais été anti-mélodie, même si on a mis du temps à la mettre dans notre musique et pour le côté bourrin, on est assez énervé de manière générale contre la société, on fait une musique assez speed et on a envie de garder l'efficacité des premiers jours de Tagada. On a pas envie de se ramollir complètement, d'ailleurs y a plein de groupes qui le font aujourd'hui en sortant un album commercial, c'est sûrement poussé par leur maison de disques alors que nous on fait ce qu'on veut ce qui est bien mieux de ce côté-là. mais je trouve que c'est important de rester quand même un peu vénère même si tu rajoutes des mélodies ça donne une musique entraînante comme on a toujours eu envie de faire, en tout cas on en est content de cet album.

J'ai vu que vous avez travaillé avec Stéphane Buriez et Nik Jones ainsi que Ted Jensen. Comment les avez-vous rencontrés ?
Alors, je vais te faire un gros scoop, Nik Jones, c'est moi (rires). En fait moi je suis dans Enragés Prod (label du groupe) avec Séverine on a monté ça à 2. Mais moi je suis plus partit sur le côté Rage Tour parce qu'on a essayé de monter notre propre structure de booking et on a monté un studio qu'on met à dispo des groupes Enragés Prod et Rage Tour. Si ils ont besoin et il se trouve que les groupes, très souvent, ils ont pas d'ingé son et comme moi j'avais quelques notions, j'avais fait de la sono, je me suis dit : " pourquoi je m'y collerais pas? " et depuis 2 ans je fait de la prod et le premier disque que j'ai fait en prod c'était Dirty Fonzy et comme ils chantent en anglais, tout en anglais et que le délire du studio c'était l'anglais, ils ont dit : " Niko Jones, ça le fait pas, Nik Jones c'est plus marrant " et voilà, on a gardé ça, et maintenant je le met sur tout les albums, notamment le dernier Nevrotic Explosion et le Tagada avec Stéphane Buriez. Et là je viens de terminer un disque plus électro avec un groupe qui s'appelle Shane Cough (électro-rock). Donc Nik j'ai pas trop eu de mal à le rencontrer et Stéph Bubu on l'a rencontré pile poil à la sortie de " feu aux poudres ". On l'avais rencontré sur la route mais aussi un peu avant avec Black Bomb A, vu qu'on était le label de BBA, on avait fait tout les deals avec le studio et c'était Stéphane qui les enregistrait donc on s'est rencontré comme ça, on a commencé à bien s'entendre et après on lui a fait écouté notre album et il nous dit : " ouah! J'adore ce que vous faites! " et on lui a proposé de jouer avec nous. 2 ans sont passés, on a commencé à bosser sur " les compteurs à zéro " on lui a demandé si ça le branchait de venir avec nous, il a répondu : " évidemment " et entre temps on était vraiment devenu copains et c'était cool, parce qu'on a bossé à la maison et avec un mec qu'on connait bien. Et ce qui est paradoxal, c'est que pour cet album on avait le temps qu'on voulait pour enregistrer, parce qu'on payait pas le studio (ndlr - c'est le premier album de Tagada Jones enregistré dans leur studio) et c'était notre enregistrement le plus rapide, 8 jours pour les voix et les instruments. Et Ted Jensen, c'est pour le mastering, en fait on avait fait des tests avec pas mal de mecs et lui sortait vraiment du lot, on voulait voir si sa réputation était surfaite bah en tout cas elle l'est pas, mais lui on l'a pas rencontré, le système de mastering c'est t'envoies tes bandes sur le net, il les masterise et il te les renvoie, c'est bien le progrès, bon j'aurais bien voulu visiter New York mais ça m'a fait éviter un billet d'avion aller-retour et 2 nuits d'hôtel (rires).

Vous êtes de nouveau un quatuor, pourquoi Gus est-il parti ? Quel rôle avait-il dans les compositions ? Que devient-il maintenant ?
En fait il est parti parce " qu'il en avait singulièrement marre de la France, il est d'origine Réunionnaise et quand Sarko est passé c'était la goute qu'a fait débordé le vase, tu vois, la Réunion c'est des gens de cultures différentes qui vivent ensemble, un peu tout le contraire de la France et du coup il voulait vraiment retourner là-bas. Mais là il est en train de passer son diplôme d'arts martiaux parce qu'il fait beaucoup d'arts martiaux et il a eu son diplôme d'état d'aïkido et maintenant il lui reste plus qu'à passer un stage de 3-4 mois en Inde et une fois qu'il a fait ça il retourne à la Réunion pour monter son école d'arts martiaux, il se voyait vraiment pas dans la vie en France. Pour l'instant il est toujours à Rennes, il est en train de finir, il va bientôt partir, on le voit de temps en temps, là y a un festival en Bretagne qui nous a laisser carte blanche pour jouer pendant 2 heures et il est revenu avec nous pour faire quelques morceaux, tu vois on est toujours en très bon termes, c'est juste le projet personnel qui venait gêner par rapport à Tagada. Et en ce qui concerne son rôle, il intervenait pas trop dans la composition, même les voix, c'est moi qui écrivait ses textes, il posait juste les voix par-dessus.

Même les parties électro c'était pas lui ?
Bah une bonne parties des choses électro arrivaient déconstruites à gauche, à droite.

Un peu comme " Manipulé " ?
Ouais un peu voilà, et nous on se mettait dessus et pour les parties électro de cet album c'est moi qui m'y suis collé et le gars qui fait toute l'électro dans Shane Cough qui nous a épaulé sur quelques morceaux, du coup on était à 2.

J'ai l'impression que ton style de chant à changé. Comment as-tu abordé l'enregistrement de ce disque ?
Je pense que c'est l'idée un peu, de faire des pré-prod et d'essayer d'autres choses. Si t'essayes des nouvelles techniques et que ça te plaît, c'est bien, on est jamais resté fermé à essayer de nouvelles choses au contraire, par exemple, on a bossée avec Steph, ça nous a plu on l'a gardé et après j'ai jamais bossé donc ça s'est fait naturellement en studio j'ai essayé ça, ils ont bien aimé dans le groupe du coup on est resté dessus, je me suis pas mis à prendre des cours avec la castafiore du coin (rires.

A l'écoute de cet album, on remarque que l'électronique une place de plus en plus importante au sain de votre son. C'est une voie que vous avez envie d'explorer ?
Ouais, bah en tout cas on avait envie d'en mettre, on va pas sortir un prétexte " ouais on fait du punk 77 style " on a toujours eu envie d'essayer des voies différentes, je dis pas que dans le prochain album y en aura pas plus ou pas moins mais c'est évident qu'on a pas spécialement envie de s'en priver, c'est une évolution moderne de la musique et y a des choses vraiment intéressantes avec et des choses nulles, comme dans le rock, y a des choses super intéressantes et des choses nulles, mais pour l'instant je trouve ça intéressant de le mêler à la musique. Et une raison pour laquelle on est plus content de cet album là, c'est qu'on a réussi à intégrer l'électronique à notre musique et pas mettre notre musique sur l'électronique (l'électro en arrangement plutôt que nous qui jouons sur de l'électro).

Sur l'album précédent " le feu aux poudres ", vous avez fait des featuring avec La Phase et Guizmo (Tryo). Avec quels autres artistes auriez-vous envie de travailler ?
Y a pas mal de mecs, du style Loran (des Bérurier Noir) qui habite vers chez nous maintenant, les mecs que je connaît depuis que je suis gamin en plus on a la chance d'être pote avec lui. Parabellum aussi évidemment, tout les groupes dont t'es fan. Les Wampas aussi ça me ferait marrer de faire un truc avec eux, en fait on est assez ouvert et toutes les expériences qu'on a eu avec d'autres groupes, ça a toujours été positif, on a bien rigolé et ça te déstabilise un peu, parce que quand tu joues avec ton groupe t'as l 'habitude d'appréhender la musique d'une certaine façon alors que quand tu te retrouves avec ton groupe et un autre, y a deux groupes qui cherchent leur chemin ensemble, c'est vachement intéressant. Et pour l'instant on a toujours été content du résultat des morceaux et ça nous donne envie de continuer à faire autre chose.

Pendant la dernière présidentielle, vous avez soutenu une asso ayant pour but de pousser les jeunes à aller voter. Sur ce nouveau disque il y a le morceau " Aux urnes ", où vous situez-vous politiquement aujourd'hui ?
Politiquement on a toujours eu du mal avec les partis politiques, même si y a le NPA (nouveau parti anticapitaliste de Besancenot) qui pourrait être prometteur dans les idées qu'on veut représenter mais on est anarchisant c'est sûr , même si l'anarchie ça arrivera pas dans les années 2010, ça m'étonnerait, donc on a du mal à se retrouver dans les programmes des partis politiques mais il faut quand même aller voter, ne serait-ce que pour éviter le pire, je préfère avoir Besancenot au pouvoir qu'un autre de droite. De toute façon c'est pas compliqué, si y a bien une chose qu'on ne peut pas lui reprocher à l'autre con, c'est qu'il fait ce qu'il a dit et nous on morfle de tout les côtés, moi j'ai pas voté pour lui, du coup ça me la mets pas profond mais je pense qu'il y en a plein qui ont voté pour lui et il leur mets des coups de couteau par derrière et c'est un peu bien fait pour leur gueule et voilà. La réalité c'est qu'on incite les gens à voter, parce qu'on est dans un système démocratique et on a la chance d'y être, parce que mine de rien entre une démocratie et une dictature, y a pas photo, donc je pense qu'il faut en profiter, parce que si tu dis " j'en ai rien à péter, je vais pas voter " c'est laisser libre court aux gros cons qui vont aller voter et la seule vraie arme qu'on a, et je le dis dans le morceau, c'est finalement d'aller voter directement et du coup faut que tout le monde prenne conscience de ça. Et quand j'étais jeune, les seuls messages qui rentraient dans ma tête c'était souvent les copains et les groupes que j'écoutais et je trouve vraiment important d'en parler. C'est pas la tonalité de la discographie française, c'est pas un sujet qui est pas souvent abordé dans les groupes punk hardcore/métal. C'est tabou j'ai pas le droit de dire ça (rires).

Après " Thérapie " sur votre précédent opus, on trouve " Camisole " sur le nouveau. La psychiatrie semble particulièrement vous intéresser. Pourquoi ?
Bah ouais, j'y vais tout les 15 jours (rires). En fait on en parle parce que c'est un abus de l'état, notamment français, parce qu'on est les champions du monde de consommation de psychotropes et de tout ces produits à 9.50 francs en France, et je pense que chez nous c'est banalisé et il faut en parler pour que les gens arrêtent de croire " parce qu'ils vont pas bien, ils vont prendre des médicaments et ça va aller mieux " et tout ce que ça fait, c'est bloquer leur système nerveux, ça inhibe un peu tout et ils savent plus trop si ça va bien ou si ça va mal, ils sont même pas capable de te le dire, tu vois les gens, on dirait des légumes et à partir du moment où ils arrêtent de prendre les cachetons, les problèmes sont toujours là, ça n'a rien résolu.

Un peu comme dans la chanson " Hôpital "?
Ouais, c'est exactement ça, c'est un des premiers thèmes de Tagada, parce qu' " Hôpital " est l'un des premiers morceaux du groupe, et rien n'a changé alors qu'il y a pas mal de choses qui ont changé, on tient un discours écolo, on trouve que c'est important de faire gaffe à la planète et derrière ça a évolué, ça va nettement mieux qu'y a 20 ans, la prise de conscience est là, les médias en parlent, tant mieux alors que sur la psychiatrie ça bouge pas d'un millimètres, t'en entends jamais parlé, à part des fois t'entends " ah bah oui, les français sont champions du monde de consommation de psychotropes " et au final il se passe rien, c'est toujours " ah vous allez pas bien ! attendez je vais vous prescrire un truc, ça ira mieux après " et une fois que le mec en a plus, il se tire une balle. C'est n'importe quoi, tu vois le délire. En France, c'est un peu la honte d'aller voir un psychologue ou un psychiatre, alors qu'il y a beaucoup de problèmes qui se règlent juste en parlant, parce qu'au début ils en parlent à personne, ils gardent ça pour eux. Et je pense que tout le monde a connu dans son entourage des gens qui ont fait des déprimes ce genre de choses et tu te rends compte que c'est vraiment dans leurs têtes, y a 2-3 petits problèmes et d'un seul coup tout devient catastrophique en permanence et, la solution, les gens s'en sortent toujours quand ils en ont parler, eux-mêmes remontent la pente, et pas en bouffant des cachetons.

Vous avez joué sur un festival avec les UK Subs, et The Exploited. Que représente ces groupes pour vous ? Peux-tu me raconter comment ça s'est passé?
En fait, on a fait plusieurs dates avec Exploited, ça s'est extrêmement bien passé avec eux. Wattie, le chanteur, est un bon défonce man, l'équipe au complet et lui étaient vraiment cools avec nous et on leur avait donné le disque parce qu'on avait pas encore eu l'occasion de leur filer, ils nous ont dits que c'était carrément bien, après c'est peut-être faux-culs mais en tout cas c'est-ce qu'ils nous ont dits. Et après les concerts c'était génial, Wattie qui arrêtait pas de prendre des photos de nous, et ça fait toujours plaisir de faire copain-copain avec un groupe dont on était fan quand on était jeunes, je dirais la même chose de Parabellum, après avoir été nos idoles c'est nos potes et moi je suis même manager de Parabellum, et c'est toujours ultra excitant et on les rencontre plus en tant que " mythes " mais en tant qu'humain et ils sont comme nous, on rigole, on parle de plein de choses, et c'était une bonne expérience.

Vous êtes un groupe de scène et pourtant vous n'avez jamais publié de disque live depuis vos débuts. Est-ce prévu ?
Ouais ouais, on pourrait, on s'était dit à la 1000ème, qui est filmée et enregistrée, on comptait le sortir en DVD mais finalement un DVD ça n'a pas beaucoup d'intérêt alors finalement on a voulu sortir un film-documentaire sur le groupe, parce qu'un DVD live, je le regarde une fois et après c'est bon… Et la mode est passé pour tout le monde aussi, alors qu'un vrai documentaire, quand il est bien fait, tu peux le regarder 5-6 fois tu t'en lasses pas. Et comme le prochain projet est plus tourné là-dessus et comme ce sera un DVD, y aura vraisemblablement pas mal de bonus et donc pourquoi pas des lives. Mais sortir un album pur et dur live, pourquoi pas? Mais c'est pas notre priorité. Mais on va peut-être le faire parce qu'il y a pas mal de gens qui nous le demandent.

Vous avez un Myspace, outil qui appartient à Murdock, homme d'affaire américain pro-bush, ayant activement soutenu la guerre en Irak et à qui appartient plusieurs journaux. Il me semble que Myspace n'est pas en accord avec vos idées…
C'est marrant parce qu'on nous pose souvent la question, mais moi je suis assez radical dans mes choix de boycott ou de non-boycott, MC DO par exemple. après j'ai un gros problème avec internet c'est que myspace c'est libre, je vais t'expliquer après, mais d'une, je boycotterais myspace le jour où on sera tous sur linux avec des ordis qui viennent de petites firmes et quand les grandes marques n'existeront plus, parce que c'est exactement la même chose, c'est se mettre le doigt dans l'œil de ne s'attaquer qu'à myspace alors que 98% des enfants qui vont dessus sont sur Microsoft, alors que Microsoft c'est absolument le même genre de personnage, les énormes boîtes multinationales et en plus de ça les ¾ des grands mecs qui dominent le monde, avec les marques, ont des idées totalement puantes, par exemple avec les chaussures, ça gêne pas les gens d'en avoir et de faire bosser des petits gamins de 9-10 ans, et dans ce cas là, ça veut dire qu'on boycotte tout, le myspace, je le supprimerais volontiers mais ça voudrait dire qu'il faudrait que j'arrête d'utiliser Microsoft même si je suis sur Mac, et encore, c'est quasiment la même chose. Microsoft est pas loin, mais en plus de ça, on a internet grâce à notre opérateur téléphonique et là, c'est des sacrées pourritures, déjà Murdock, il a AOL, mais le problème avec myspace, on lui a revendu, c'est clair que c'est pas lui qui l'a créé et tu supportes pas forcément ses idées. Mais après je trouve qu' internet a un intérêt vraiment important pour les groupes, parce que ça aide à diffuser des idées et l'écriture alternative, tu vois, des groupes comme nous, les gros médias s'en foutent, on en a rien à foutre de leurs gueules et mine de rien on se retrouve vachement plus sur myspace que sur la presse nationale donc des groupes comme nous ont besoin d'internet et forcément quand tu as besoin d'internet tu en acceptes tout les méfaits, de la pub sur internet y en a partout et tout le temps, et sur internet quand c'est gratuit ça veut dire qu'il y a de la pub partout et cette idée-là ça me contredit. Je préfèrerais payer pour écouter de la musique et ne pas avoir toutes les pubs par exemple. Et finalement dans myspace le problème c'est les pubs qu'on t'affiche, et encore c'est pas le pire, et pas juste le mec qu'est derrière. Et les ¾ des trucs qu'on consomme y a un gros con en haut de l'échelle, et les groupes qui boycottent, dans ce cas-là doivent tout boycotter, et là je m'incline devant leur courage, parce que ça voudrait dire vivre dans la montagne, avec des vaches, sans électricité et y a plus beaucoup de gens qui font ça. Loran a fait ça pendant un moment et de ce côté-là, chapeau bas parce que moi j'ai des gamins et tout. J'ai pas envie d'aller faire ça et fondamentalement le fond de notre pensée voudrait que l'on fasse ça, mais y aura toujours ce côté paradoxal, pour les concerts, on a besoin d'électricité, on se balade avec des tracts sortis du nucléaire alors qu'on est écolo, et on a cette idée-là, d'être dans le système, mais ça veut pas dire qu'on l'accepte. Donc myspace ça a son pour et son contre, et au début de Tagada on s'est dit " c'est notre passion, on veut en vivre, il va falloir accepter pleins de paradoxes ", par exemple, au début on voulait que notre disque soit distribué à la FNAC. C'est la même chose mais Murdock est un peu pire, mais Pinault n'est pas tout rose non plus, il est de droite, en gros on a rien à voir, après c'était soit la musique, et l'usine, c'est pareil, tu bosses pour des gros cons aux parachutes dorés, donc on a fait de la musique, l'argent qu'on gagne, on le gère, il va pas dans les poches de quelqu'un d'autre et on a quand même accepter de bosser en parallèle pour des gros cons avec qui on est pas forcément d'accord, mais faut pas voiler la face quasi tout le monde à un moment ou un autre donne un peu de pognon sans le savoir à des gens à l'esprit bien saugrenu et souvent bien noir.

Et sinon, que pensez-vous du téléchargement?
Je pense que c'est quelque chose de bien en soit.

Même le téléchargement illégal?
Bah oui, le téléchargement légal, ça existe pas vraiment, enfin personne le fait, sauf ceux qui écoutent Lorie ou la musique pour les vieux (rires). Mais c'est bien parce que c'est la continuité de ce qu'on faisait, à l'école on s'échangeait les cassettes après on a mis ça sur des Cds, le seul souci que j'y vois, c'est le " gratuit, pas gratuit " (du gratuit qu'est pas vraiment gratuit), les mecs qui refilent tes adresses pour qu'on te refile des pubs, c'est le seul qui me fait peur dans l'idée. Après, que les gens téléchargent, quand ils ont pas de sous, c'est tout à fait logique, déontologiquement je le fait pas, quand même. Et je pense que les gens qui aiment vraiment bien finissent par aller acheter le disque ou un produit dérivé du groupe et comme le système et en train de se remettre en place c'est pas très grave. Et je vais te donner un exemple, nous qui sommes un groupe avec un minimum d'éthique, même si on est sur myspace, le dernier album, on va en vendre autant, voire un peu plus que le précédent, faut croire que les gens se sont dits : " je vais acheter un album, et tant qu'à filer nos thunes à quelqu'un, on va les filer à cette petite boîte-là, au moins, les indépendants c'est mieux qu'une grosse boîte ". La réalité veut qu'on en vende un peu plus que celui d'avant donc j'ai rien contre le téléchargement, faut juste éviter d'avoir trop de pubs, on vit quand même dans un monde de pub. Gratuit = pub, le gratuit, ça existe pas.

Je me suis toujours demandé comment et pourquoi vous avez choisi Tagada Jones comme nom de groupe ?
Alors, ça c'est d'une stupidité (le nom), on a créé le groupe en 95, juste après la Guerre du Golfe, pendant les 1ères répét' on s'appelait " les mammifères dans le golfe ", et que des noms stupides puis un soir on s'est dit : " allez, sérieux, ce soir on trouve un nom, débriefing, brainstorming, etc " et comme toutes les bonnes soirées à l'époque, ça s'est finit ultra-arrosé, on s'est réveillé, y avait plein de trucs écrits au tableau, et on avait mis 2 mots bout à bout entourés et c'était " Tagada Jones " et tout les 4 - à l'époque on était 4 (avec l'un des 2 guitaristes de Banane Métalik qui a rejoué avec le groupe sur la reprise " Ce soir c'est Noël " des Wampas à la 1000ème) et il reste plus que moi de cette époque - et du coup on a décidé de garder le nom. Mais des 4, personne n'était capable d'expliquer pourquoi, on était là " ouais un rapport avec tagadagada (référence au médiator sur la guitare) ". 2-3 ans plus tard, on trouvait que c'était stupide comme nom, mais on s'est dit " remarque, pourquoi pas garder se nom-là, ça fait contrepoids des idées politiques qu'on balance " parce qu'on est des gens qui aiment profiter de la vie, je le dit un peu dans le dernier album, au bout d'un moment c'est pas parce qu'on est contre tout qu'on veut pas profiter de la vie. Après il faut comprendre le nom comme un truc fun et humoristique, iles gens nous voyaient comme un groupe " ouais, va te laver les dents ", l'idée a été cassé quand on a sorti le DVD, les gens se sont dits : " bah ils ont l'air sympas en fait ces gars ".

Ils sont sur votre label, vous avez fait une tournée avec eux, une reprise, une chanson hommage, que souhaitez-vous faire d'autres avec Parabellum?
(Longue réflexion) Bah, pas coucher avec Schultz (chanteur/guitariste de Parabellum) parce qu'il prend de la place (rires). Là c'est très bien comme je te disais on s'occupe de leur histoire, y avait des petits conflits d'intérêts avec leur ancien tourneur, l'ancien manager et tout ça, on avait fait une tournée en commun, eux étaient avec leur ancienne boîte et nous, chez nous évidemment, ça s'est très bien passé, on s'est bien entendus et puis on leur a dit : " vous savez les gars, l'année prochaine c'est les 25 ans de Parabellum " même eux ils savaient pas et le manager était même pas au courant, attends l'autre il est un peu à côté de la plaque, et ils m'ont posé la question : " est-ce que ça te dirait de t'occuper de nous? " " évidemment les gars qu'est-ce que vous croyez !? " . Maintenant on a plein de projets avec eux, on va sortir un tribute pour leur 25 ans, ils sont plus ou moins au courant..

C'est de l'info ça, y aura qui comme autres groupes?
Justement, même eux (Parabellum) ne savent pas, c'est une surprise parce que c'est avant tout un cadeau pour eux, c'est la scène française qui rend hommage au groupe 25 ans après. Ils m'ont dit : " ok bingo, vas-y, t'as carte blanche, fais ce que tu veux ", j'ai contacté plein de groupes, on a refait plein de morceaux et ça devrait sortir vraisemblablement le 8 mai (8 mai 1984 : formation de Parabellum), y a plein de gros groupes, ça va leur faire chaudement plaisir.

Dernière question : prochaines sorties sur Enragés Prod et les projets de Rage Tour ?
Du coup y a le tribute. Shane Cough, que j'ai produit (voir plus haut " Nik Jones "), le 9 mars et après on fait une petite pause, parce que la contrepartie du téléchargement, c'est qu'on a sorti plein de disques de petits groupes y a pas longtemps et on s'est ramassé grave sur les ventes alors on se calme un peu, mais en septembre et octobre je pense qu'il y aura sûrement de nouveaux projets. On a sorti " Mononc' Serge et Anonymus ", qui jouent avec nous ce soir, qu'on a sorti début février et Rage Tour, ça marche très bien, on en récupère, des tournées européennes, on fait une date à l'Elysée Montmartre avec " Parabellum " et " Ultra Vomit " le 9 avril et la veille on fait jouer " The Unseen ", " Condkoi ", " Detroit 7 " (un groupe japonais) au Glaz'art et on fera un pass 2 jours pour ces 2 concerts.

Un grand merci à toi Niko, à toute l'équpe d'Enragé prod ainsi qu'a leo442rue qui a rendu cette rencontre possible.

http://www.tagadajones.com/ : le site du groupe
http://www.ragetour.com/ : Rage Tour (le tourneur)
http://www.enrageprod.com/ : Enragés Prod (le label)

Interview réalisée par Quentin Vieilletoile, avec la collaboration de Spike , le 4 février 2009.

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